Depuis quelques mois, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à se proclamer neutres en carbone. Ces annonces provoquent souvent des réactions très négatives de la part des spécialistes énergie-climat qui qualifient volontiers la démarche de greenwashing pur et simple… Mais qu’est-ce que la neutralité carbone ? Pour un pays ? Pour une entreprise ? Une entreprise peut-elle fonctionner sans émettre de gaz à effet de serre ? GreenUpClimat vous sert de guide sur la planète carbone.

Au niveau d’un pays
Les 28 pays de l’Union Européenne se sont donné comme objectif d’atteindre la neutralité carbone à horizon 2050. La France a émis 418 MteCO₂ en 2021. Cette même année, sur le territoire, les forêts et les terres agricoles (appelées «  puits de carbone ») ont absorbé 55 MteCO₂. Les émissions nettes (EN) ont donc été de 363 MteCO₂. Pour arriver à la neutralité carbone en 2050, la France a mis en place une démarche appelée SNBC (Stratégie Nationale Bas Carbone) qui a l’ambition de diviser par plus de 5 les émissions pour arriver en 2050 à 80 MteCO₂ alors que, dans le même temps, on souhaite augmenter la superficie des puits de carbone pour qu’ils absorbent 80 MteCO₂, soit l’ensemble de qui aurait été émis. On aura ainsi atteint Zéro Emissions Nettes (ZEN), autrement dit la neutralité carbone. Notons d’ores et déjà que la trajectoire carbone suivie actuellement par le pays est loin d’être suffisante pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Bref, nous sommes mal partis mais c’est une autre histoire…

Au niveau d’une entreprise
Quelle est maintenant la démarche suivie par une entreprise qui se déclare « neutre en carbone » ? L’opération se déroule généralement en 3 étapes :

Etape1Calcul des émissions de GES (gaz à effet de serre), disons par exemple 7 000 t e CO₂ pour l’année 2021

Etape 2Mise en œuvre d’un plan de réduction des émissions qui permet, par exemple, d’arriver à 6 200 t e CO₂ en 2022

Etape 3Compensationdes6 200 t e CO₂ en investissant, par exemple, dans un projet forestier suffisamment étendu pour que les arbres couverts par le projet séquestrent annuellement 6 200 t e CO₂. On appelle « crédits carbone » les t e CO₂ achetées par l’entreprise pour cette compensation.

Où est le problème ?
Mais alors, pourquoi les entreprises qui mettent en place sur ce schéma leur neutralité carbone se font-elles régulièrement étriller par les observateurs énergie-climat qui suivent de près ces questions ? GreenUpClimat a observé qu’en premier lieu, une communication maladroite peut laisser entendre, voire affirmer que l’activité de l’entreprise ne génère aucune émission de GES et que l’entreprise est donc « vraiment » neutre en carbone : c’est évidemment totalement faux ! En outre, plusieurs problèmes peuvent se poser à chaque étape du processus :

Etape 1(calcul)

– La question principale est le périmètre choisi pour le calcul des émissions. Si l’entreprise ne calcule pas ses émissions sur tous les postes significatifs de son activité mais en laisse une partie de côté, les émissions obtenues à l’étape 1 ne représentent parfois qu’un faible pourcentage de la vraie empreinte carbone de l’entreprise.

Etape2(réduction)

– Ici, l’écueil principal est de mettre en œuvre un plan d’actions qui manque d’ambition et qui ne réduise que faiblement les émissions de l’entreprise. Ainsi, on agit peu dans l’entrepriseavec la perspective que l’étape 3 permettra dans tous les cas d’arriver à zéro émissions nettes.

Etape3(compensation)

– Dans cette dernière phase, le choix d’un projet de compensation dans lequel les crédits carbone ne feraient pas l’objet d’une garantie solide est problématique. Comment être certain qu’il existe un lien incontestable entre les crédits carbone achetés par l’entreprise et le fait que le projet va effectivement, sur la durée, séquestrer ou éviter les émissions de GES correspondantes ?

Comment faire ?
Dès lors, si une entreprise veut mettre en œuvre une démarche sérieuse de neutralité carbone, GreenUpClimat lui conseille de s’en tenir à quelques principes simples :

Etape 1(calcul)

– Calculer les émissions de GES de l’entreprise sur un périmètre significatif qui couvre au moins 80% de ses émissions

Etape2 (réduction)

– Mettre en place un plan d’action ambitieux qui mobilise les collaborateurs de l’entreprise et permette de réduire au maximum les émissions au sein de l’entreprise avant de faire appel à un projet de compensation (ce sera l’étape 3)

Etape3 (compensation)

– Faire appel à un projet de compensation qui génère des crédits carbone incontestables. Pour s’y retrouver, il existe des standards carbone, parmi lesquels le Gold Standard ou le label Verra, qui assurent que les réductions achetées sont réelles, vérifiables, mesurables et additionnelles.

Pour conclure
Bien sûr, nous n’avons fait qu’effleurer le thème de la neutralité carbone qui est devenu omniprésent en cette année 2022. Dans le sillage des pays et de leur objectif de neutralité carbone, beaucoup d’entreprises veulent s’engager. Si c’est votre cas, GreenUpClimat est à vos côtés avec une ligne directrice suivant laquelle l’essentiel est d’agir avec ses équipes au sein de son organisation alors que l’investissement dans un projet extérieur ne doit être qu’un complément. La tâche est immense mais exaltante.

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